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Au lendemain de la rencontre tant attendue entre Vladimir Poutine et Donald Trump le 15 août en Alaska, censée constituer un tournant dans la guerre qui fait rage depuis février 2022 en Ukraine, le Kremlin a décidé de célébrer sobrement – et avec une grande prudence – ce qui apparaît comme une opération politique et médiatique rondement menée par le président russe. Sur la route du retour, ce dernier s’est d’ailleurs arrêté dans la région de la Tchoukotka pour y rencontrer les autorités locales; à l’aller, il avait fait une escale dans un autre oblast aux confins de la Sibérie, Magadan, où il a visité une usine de transformation de graisse de poisson et un complexe sportif. Comme si le maître du Kremlin avait voulu caser sa rencontre avec le nouveau président américain, que d’aucuns qualifient déjà «d’historique», entre ses affaires courantes de leader d’un pays qui s’étend sur onze fuseaux horaires.
Vu de Moscou, Vladimir Poutine a néanmoins réussi un triple exploit avec cette visite en Alaska – «en bon voisin», à quelques encablures des côtes orientales russes, comme il l’a souligné d’emblée. Diplomatique tout d’abord, avec un Donald Trump qui n’a pas ménagé les signes de connivence face à un leader mis au ban du monde occidental à cause de son invasion de l’Ukraine. Politique, en ayant a priori «rien lâché» sur l’Ukraine tout en évitant de nouvelles sanctions contre son pays. Et enfin médiatique, en ayant réussi à imposer à la fois le ton et le tempo d’une rencontre pourtant menée en «terrain hostile» s’il en est: une base militaire américaine! Les chasseurs qui ont accompagné l’Iliouchine présidentiel russe? La parade aérienne menée par un bombardier B-2 dans le ciel américain? Les F-22 Raptor entre lesquels serpentait le tapis rouge déroulé par ses hôtes? Des «signes de respect, plutôt qu’une démonstration de force», estime même le très nuancé Andreï Kolesnikov, membre du prestigieux «pool présidentiel» de la presse russe.