Read more" /> Lourdes 2025, l’homélie du 14 août : « De la boue jaillit la Vie »

Lourdes 2025, l’homélie du 14 août : « De la boue jaillit la Vie »

Le passage d’évangile que nous entendons aujourd’hui a vraiment de quoi nous surprendre. Nous sommes tellement habitués à aller de l’avant, à faire notre vie, à bâtir notre monde, à avoir des projets plein la tête qu’il nous est sans doute difficile de voir notre monde se défaire, se disloquer. Et voilà que le soleil s’obscurcit, et que les étoiles tombent du ciel ! La création si magnifiquement contée aux premières pages de la Bible est entrain de se défaire, de se décomposer. Au lieu de produire de la lumière, le soleil produit la nuit. Au lieu de s’accrocher au firmament, les étoiles tombent et se perdent. Sans le soleil et sans la lune, il n’y a plus ni jour ni nuit, et le temps ne peut plus se compter. Il n’y a plus ni hier, ni aujourd’hui, ni demain. Le temps ne se compte plus et nous arrêtons de courir après le temps et d’être des gens pressés.

Il est des moments pareils dans notre vie. Des moments où tout s’arrête et tout s’écroule. Un diagnostic, une maladie, un accident, un divorce, un décès, et voilà que notre espérance est mise à mal. Croire et espérer deviennent difficiles et notre prière devient supplication à la manière du psalmiste. « Délivre-moi mon Dieu, protège-moi, sauve-moi ! » Les yeux levés au ciel, avec nos comment et nos pourquoi, nous cherchons à nous hisser vers Dieu qui dans le même mouvement se rend plus proche de nous. « Le Dieu de mon amour vient à moi », pourrons-nous reprendre avec le psalmiste. « Avec Dieu, je défie mes adversaires ! » Frères et sœurs, même au cœur de la tempête qui s’abat parfois sur notre vie et sur notre monde, l’espérance ne pourra jamais se taire ou se laisser étouffer ! Le vieux monde doit faire place au monde nouveau ! La Bonne Nouvelle ne cesse de retentir : Dieu arrive !

Le sacrement du pardon, le sacrement des malades sont des appels à l’espérance, des appels à entendre Dieu parler plus fort dans notre vie, alors même qu’il nous arrive de penser que Dieu se tait. Que la force de cette onction vous réconforte… Que le Seigneur vous sauve et vous relève… Que le Seigneur vous montre sa miséricorde et qu’il vous pardonne !

Les mots sont forts, essentiels, et ils disent ce relèvement auquel Jésus appelle tant et tant d’hommes et de femmes sur les routes de Galilée, ce redressement, ce relèvement auquel chacune et chacun d’entre nous est appelé. « Lève-toi et marche ! Va ta foi t’a sauvé ! » Dieu n’arrête jamais de rejoindre son peuple. Rien ne lui fait peur, et rien n’arrête son amour et sa générosité. Ni le froid et la nuit de la crèche, ni la mort sur la croix, ni le péché qui nous blesse. Dieu poursuit inlassablement son œuvre. Mais savons-nous reconnaître en nous et autour de nous que son Règne arrive ? Avons-nous à la foi la patience et l’impatience de voir son Règne arriver ?

La comparaison avec le figuier nous invite tout à la fois à la vigilance, au discernement, et au constat. La fin des temps est en marche. Aux premiers temps de l’Église, elle était même attendue avec impatience. Mais le temps qui passe ne doit pas empêcher la vigilance. « Nul ne connaît le jour et l’heure ! » Et comme le dit Marc dans une autre page de l’évangile, « c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ! » Oui, frères et sœurs, notre vigilance doit être constante. L’appel à veiller que ne cesse de lancer Jésus ouvre et transforme nos cœurs. Il ne s’agit cependant pas tant de guetter les signes catastrophiques de la fin des temps, et de lire les signes des temps comme des signes avant-coureurs de la fin du monde. Il s’agit plutôt de guetter les signes du Règne de Dieu qui arrive, d’un autre monde qui commence, de la promesse de Dieu qui s’accomplit, de sa fidélité et de la Bonne Nouvelle annoncée aux pauvres. Le nom de Dieu est invoqué sur nous et toute notre vie en est changée, transformée !

Frères et sœurs, à Lourdes, Marie invite Bernadette à creuser dans la boue pour qu’une eau pure et vive en jaillisse ! N’est-ce pas là aussi le chemin de pèlerin qui nous attend aujourd’hui. Gratter la boue de nos vies pour retrouver inscrite au fond de nous la promesse de notre baptême. Nous avons été plongés dans la mort avec le Christ. Avec lui, nous sommes nés à la Vie nouvelle. Notre résurrection est déjà commencée ! Nous n’avons plus besoin d’étoiles ou du soleil ! Notre vie resplendit de la lumière de Pâques ! Alléluia ! Amen !

Mgr Benoît Gschwind, Évêque de Pamiers

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